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 le Taj Mahal noir

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MessageSujet: légendes Québécoises   le Taj Mahal noir - Page 4 EmptyMar 11 Mar - 16:57

a mes Amies (is) :  je connais beaucoup de légendes mais elles sont tres longues ,je ne voudrais pas   vous  ennnuyer ,si celà était je n'en mettrais plus ...




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Ponik, cette bête fantastique du Lac Pohénégamook, semble nager dans ses eaux depuis le début de la colonisation. On s'abstient d'y naviguer par crainte de voir apparaître la mystérieuse bête. Cette peur se transmet de père en fils.
Puis, on oublie !
Toutefois, en 1957-1958, lors du dynamitage effectué pour rénover la route 289 qui borde la lac, le monstre se réveille, des apparitions se multiplient.
La rumeur de l'apparition (ou de la réapparition) de ce monstre marin (ou serpent de mer, vache marine, mantouche, crocodile, lamantin, ogopogo etc... ) se répand comme la foudre. Bien sûr, les médias s'emparent de l'affaire et les journalistes affluent dans la région.
La chasse est ouverte et le Ministre des Pêcheries émet même un permis spécial à quiconque veut capturer la bête. Le journal La Presse offre même une récompense de 100,00$ à qui  réussira à la prendre en photo. On espère ainsi déchirer enfin le voile entourant cette présence incongrue dans le lac.

Il n'en faut pas plus pour alimenter la légende:
Notre acolyte se cacherait dans une caverne souterraine à la pointe du lac, près de la rivière Boucanée. Cette caverne conduirait à un autre lac sous la montagne où la bête pourrait y vivre et respirer à l’abri des regards.

On essaiera aussi d'être plus pragmatique : certains chercheurs supposeront qu’un gisement de gaz ou le jaillissement d’une source d’eau au fond du lac serait à l’origine du mystère. Puis, on suggère que ce sont des arbres morts, dépouillés de leurs écorces et enfoncés debout; ces derniers mesurant jusqu’à 15 mètres de hauteur pourraient se détacher du fond, percer la surface du lac quelques secondes puis couler à pic. Ce vieux bois chargé d’eau étant entraîné au fond par les nombreux courants sous-marins observés.

La nouvelle fait le tour du monde. Du restse du Canada, du Japon, de la France, de partout on accourt.
D’après les relevés effectués à l’aide d'une sonde à ultrason, les japonais y voit une masse d’environ 8 mètres de longueur qui est passée à 6 ou 7 mètres sous leur embarcation motorisée (ils conservent précieusement l’original d’un graphique où apparaît cette masse).

Au début du vingtième siècle, vers 1901, M. Pierre Lajeunesse a affirmé avoir aperçu un étrange monstre dans les eaux du lac.
M. Carol Couture, vers 1922, confirme les paroles de M. Lajeunesse, et il décrit le monstre plutôt comme un poisson.
En 1942, une jeune fille du nom de Janine Lupu a dit pourtant que le monstre ressemblait à un °"dragon médiéval ". Selon elle, il s’agissait d’un monstre de plusieurs mètres de longueur, avec des "ailes" qui avait des yeux grands comme des soucoupes et était de couleur verte.

L'automne 1957 fut une saison marquante de cette histoire. Une citoyenne suisse, Mme Nicole Périat qui passait ses vacances au lac, a filmé le monstre grâce à une caméra professionnelle qu’elle avait apportée (étant responsable de l’Office du Film de Genève, Mme Périat savait utiliser les caméras lourdes et complexes de cette époque). Sur le film, on aperçoit un monstre avec une bosse sur le dos et deux grandes cornes dorées.
Après la diffusion de ces images, des centaines de personnes arrivèrent au lac Pohénégamook, désireuses de voir ou de prendre en photo "la bête".

À propos, saviez-vous que le mot "Pohénégamook" (issu de la langue amérindienne) signifie "Lac Moqueur" ?
Est-ce pour cette raison qu’un monstre vient narguer les habitants de la région par de fugaces apparitions ?

Le secret du lac Pohénégamook n'est toujours pas éclairci malgré que moult scientifiques aient essayé de découvrir la vérité.  
Baptisé Ponik par les habitants du village, le monstre aurait été de nouveau aperçu dans les années 90 et ce, à plusieurs reprises mais sans jamais se montrer au grand jour ni devant les scientifiques.

Plusieurs autres lacs du Québec abriteraient des monstres marins : le lac Memphrémagog en Estrie, le lac des Sables dans les Laurentides et le lac Champlain à la frontière des États-Unis. Le monstre le plus célèbre est Nessie, cheval marin qui hante les eaux du Loch Ness en Écosse. Dans les années 1930, plus de 3000 observations de Nessie ont été rapportées. La légende des monstres marins perdure depuis des siècles. Selon d'anciennes croyances, ces créatures seraient des esprits maléfiques qui tueraient les voyageurs en les noyant.

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Bien avant l'arrivée des Européens en Terre d'Amérique, vivaient différentes nations indiennes. Sur le bord du Saint-Laurent, là où le fleuve s'élargit, dans un lieu appelé aujourd'hui Tadoussac, vivaient les Montagnais. Ces Indiens étaient pacifiques. Ils vivaient de chasse et de pêche.

Tous savaient confectionner de solides filets pour prendre le poisson. Quand ils chassaient, les arcs et les flèches, comme les pièges, toujours de leur propre invention, rivalisaient d'ingéniosité et d'originalité.

Leurs villages étaient constitués de wigwams regroupés dans le but de se protéger des loups et d'éventuels attaquants. Plusieurs petits villages étaient ainsi bâtis peu éloignés les uns des autres.

Les Montagnais ne craignaient pas seulement l'attaque des bêtes sauvages. Une nation appelée "les Géants" vivaient à quelques lieues. Ils étaient des ennemis notoires. Ces hommes étaient des colosses. On dit même que certains mesuraient plus de deux mètres. Leurs visages étaient laids, leurs dents pointues et ils étaient sournois et cruels. On disait même que c'étaient  des cannibales. Aux moments les plus innatendus, ils arrivaient par le fleuve en canot et attaquaient les paisibles Montagnais, en tuaient un grand nombre et repartaient avec d'autres qu'ils faisaient prisonniers et qu'on ne revoyait jamais.

Chez les Montagnais vivaient une jeune fille appelée Sagnah. Elle était devenue orpheline à la suite d'une attaque des Géants. Ils avaient amené son père avec eux et sa mère en était morte de chagrin. Toute la tribu en avait pris soin. Elle avait grandi choyée par toute la tribu. Elle était jolie, intelligente, pleine de vivacité et de bonté. Elle avait une fort jolie voix. Souvent, le soir, on s'assemblait autour du feu et Sagnah  charmait toute la tribu par sa voix christalline. À 16 ans, on la fiança à un jeune chef de la tribu. Le mariage devait avoir lieu quand, une nuit, les Géants attaquèrent leur village.

Ce fut une bataille sans merci. Les Montagnais se défendirent si bien que les Géants furent forcés de prendre la fuite. Cependant, ils amenèrent avec eux plusieurs prisonniers et parmi eux, Sagnah. Cette dernière ne perdit cependant pas courage. Sa plus grande inquiétude était le sort réservé à son fiancé. Était-il aussi prisonnier ? Pieds et poings liés, elle eut l'occasion de revoir les autres membres de sa tribu victimes du même sort qu'elle. Son fiancé n'était pas avec eux. Sachant très bien qu'il ferait tout pour courir à son secours, elle eut peur qu'il ne se fasse tuer par les Géants. Comment pouvait-elle lui faire signe ? Que n'aurait-elle pas donner pour lui faire parvenir un message ?
Quand elle entendit un pic cramponné à un arbre, frappant l'écorce à coup de bec.

Elle chuchota:
- Petit oiseau, comme j'aimerais te voir voler vers mon fiancé pour lui apporter de mes nouvelles.

À sa grande surprise, l'oiseau s'approcha d'elle et lui chuchota :
- Donne-moi ton message !

Elle lui confia:
- Vole vite vers mon fiancé, le jeune chef. Dis-lui de ne pas me chercher. Je réussirai à m'évader par la ruse. Il doit attendre, être aux aguets... Vole petit oiseau, je compte sur toi !

Quand les Géants reprirent leur route, Sagnah fut amenée. Elle ne résista pas. Après plusieurs heures, ils arrivèrent enfin. Ils furent accueillis avec des cris de joie. On se rua sur les prisonniers pour les frapper. Mais l'un des Géants cria:
- Qu'on ne touche pas à cette fille !

C'était, Sagnah l'apprit plus tard, un des chefs de la tribu qui gouvernaient la nation.
On l'amena dans un wigwam spécial. Le chef voulait la réserver pour la grande fête qui serait organisée pour célébrer leur retour. Les autres prisonniers seraient remis aux femmes afin de les faire cuire pour les manger lors du festin.

Quel sort affreux réservait-on aux prisonniers ! Sagnah frémit en imaginant ce que son père avait du subir. Il fallait à tout prix qu'elle trouve un moyen de déjouer les plans de ses geôliers.
Elle finit par s'endormir d'épuisement. Au réveil, deux vieilles indiennes montaient la garde. Elle décida d'user de ruse pour les amadouer.
- Bonjour ! dit-elle avec son plus charmant sourire.

- Où donc te crois-tu petite sotte ? On est ici pour te nourrir. Tu vas manger, manger et encore manger.

- Ça tombe bien dit-elle, tremblant de peur, mais réussissant malgré tout à sourire, j'ai une faim de loup.

On lui apporta une montagne de nourriture.

- Croyez-vous vraiment que je puisse avaler tout ça ? dit-elle en riant.

-Tu es trop maigre ! dit l'une des vieilles en ricanant.

- Je vous en prie déliez-moi les mains afin que je puisse manger. Les pieds aussi s.v.p. ! Comment pourrais-je me sauver entourée comme je suis de Géants !

Au même moment, le chef entra. Les geolières lui demandèrent la permission de délier la prisonnière. Il y consentit.

Sagnah prit un bon repas car elle avait vraiment très faim. Puis, elle tressa ses longs cheveux noirs.

Les femmes lui dirent:

- Tu as l'air d'une fille des Montagnais se préparant à servir de dîner à notre grand chef !

S'efforçant de cacher sa peur elle fit la conversation avec les deux femmes. Elle les fit rire et leur proposa de chanter. Le chef entra de nouveau sous la tente mais elle fit semblant de ne pas le voir et continua son chant de sa voix pure et claire. Sa chanson finie, elle se retourna et regarda le Géant.

-Ah ! Tu étais là ? Tu as aimé ma chanson ?

- Comment t'appelles-tu ? dit le Géant sans répondre.

- Sagnah, et toi ?

- Apprends, jeune fille, s'écria-t-il d'une voix tonnante, que je suis Patitachekao, chef, avec mes trois frères, de la tribu des Géants ! Mon nom, Patitachekao, signifie « Tue et mange », et j'ai l'habitude de faire honneur à mon nom !

- Comme c'est terrible ! Es-tu toujours fâché comme ça ?

- Attention ! Si tu me manques de respect, je te ferai fouetter !

- Oh ! Ne fais pas cela, dit Sagnah, encore souriante, ( mais en réalité tremblante de frayeur), si tu me fais battre, je ne pourrai plus manger... et je vais maigrir !

Personne encore n'avait osé parler de la sorte au chef des Géants, et il se demanda si cette jeune fille ne serait pas une sorcière, déguisée en Montagnaise. Il fit venir ses trois frères. Ils avaient l'air aussi féroce et cruel que lui-même. Cachant sa terreur, Sagnah sourit bravement à ces méchants chefs et, à leur demande, chanta une de ses plus belles chansons.

Les quatre Géants sortirent du wigwam et tinrent conseil : si cette jeune fille était une sorcière, il fallait la brûler et non pas la manger, et si elle n'était pas une sorcière, pourquoi ne pas la garder et la soigner, et ne la manger que dans quelques mois ?

Sagnah entendit leur conversation et elle résolut de prouver qu'elle n'était pas une sorcière. On la consulta sur différents sujets, on la questionna... Sagnah répondait comme une enfant, et posait elle-même des questions qui semblaient si naïves, que les Géants se dirent : « Elle ne comprend pas suffisamment pour avoir peur, c'est pourquoi elle rit et chante. Ce n'est sûrement pas une sorcière ! »

Les jours et les nuits se succédèrent. Les deux vieilles restaient ses gardiennes. Petit à petit, elles devinrent même amies. Sagnah continua de chanter pour le plaisir des chefs.

L'une de ses gardiennes tomba malade suite à des blessures infligées par le chef. Sagnah essaya de la soulager en lui mettant de l'eau fraîche sur la tête et en lui chantant ses plus beaux airs. Dans un élan de sympathie pour Sagnah la gardienne lui fit deux cadeaux : un carré de cuir et une tige creuse.

- Le carré de cuir te rend invisible, lui dit-elle, et avec la tige creuse tu peux appeler le bon sorcier de la grande forêt. Ce dernier a juré d'exercer une terrible vengeance sur tous ceux qui se nourrissent de chair humaine. Pour les punir, il faut cependant qu'ils soient pris en flagrant délit. C'est un secret, appelle-le avec la tige seulement si tu te sens en grand danger.

L'indienne mourut quelques heures plus tard. Sagnah cacha soigneusement ses cadeaux en se promettant de les utiliser à la première occasion.

Un jour, le chef Patitachekao lui proposa de l'épouser en échange de lui laisser la vie sauve. Sagnah lui demanda le temps de réfléchir. Elle aurait la permission de faire une promenade dehors durant les trois prochains jours et le troisième jour, elle chanterait si elle était prête à devenir sa femme. Le chef y consentit.

Lors de sa toute première promenade, elle mit le morceau de cuir sur sa tête et s'aperçut vite qu'elle était ainsi invisible pour tous. Elle se mêla aux Géants et apprit qu'on se préparait à faire un festin pour célébrer ses noces avec le chef Patitachekao. Ce dernier se ventait de pouvoir tenir à distance le sorcier de la grande forêt grâce à un tomahawk magique qu'il portait toujours à la ceinture. Il ne pourrait jamais avoir connaissance de leurs festins. Quand il ne le portait pas, Patitachekao le cachait soigneusement sous une peau d'ours dans son wigwam.

Sagnah courut à son wigwam et eut tout juste le temps de redevenir visible, lorsque le chef parut :

- Ta réponse, Sagnah ? dit-il.

- Nous ne sommes qu'au deuxième jour, et tu m'as donné trois jours ! dit Sagnah.

- C'est vrai, répondit le Géant, mais je compte te trouver demain prête et consentante pour le festin de la noce !

Sagnah eut un frisson de terreur, mais sourit bravement et répondit :

- Je crois que tu m'entendras chanter un peu avant midi demain...

Et le Géant partit content.

Le lendemain, au petit jour, Sagnah se rendit invisible et partit vers le wigwam du chef pour voir ce qu'il faisait.

Il n'y était pas, alors elle entra, souleva la peau d'ours, trouva le tomahawk et le cacha sous sa tunique avec la tige creuse. Puis elle se sauva aussi vite que possible jusqu'en dehors du camp des Géants. Là elle redevint visible, le carré de cuir ne lui donnant le don d'invisibilité que dans les limites du camp. Elle prit la tige creuse et souffla dedans... la tige rendit un son rauque et sifflant... Tout à coup, une ouverture apparut dans les branches... un bruissement de feuilles se fit entendre... et le bon sorcier parut !
Il avait une longue barbe blanche et paraissait très agé, mais son visage annonçait la volonté et la force. Il avait des yeux profonds et perçants.

- Qui m'appelle ? demanda-t-il.

Il aperçut alors Sagnah qui lui raconta sa terrible histoire. Elle donna au sorcier le tomahawk dérobé dans le wigwam du chef et lui annonça qu'elle allait accepter la proposition de mariage du chef afin que le festin ait lieu. Elle n'avait pas oublié que sa geolière lui avait raconté que pour être puni, les capables devaient être pris en flagrant délit.
Le sorcier lui promit qu'il la sauverait et que les coupables seraient punis.

Sarah s'enfuit alors vers le camp, ayant pris soin de se rendre invisible, et se prépara pour la noce.

Lorsqu'elle fut prête, elle se mit près de l'entrée et, pensant à son lointain fiancé, elle se mit à chanter un beau refrain d'amour. Patitachekao arriva avec ses trois frères, anxieux de connaître sa réponse :

- Sagnah, que dis-tu ce matin ?

- Le festin se fera, la noce suivra, dit Sagnah.

- Non, la noce se fera d'abord ! dit le chef.

- Pourquoi ne pas commencer par le festin ? dit Sagnah en souriant. Nous serions ensuite si joyeux et si bien disposés, et de bonne humeur pour la noce !

Ils consentirent tous les quatre et à midi on vint chercher Sagnah ; tout était prêt... Les Géants étaient assemblés en dehors, pour le festin. De grandes chaudières d'eau bouillante avaient été préparées pour recevoir des morceaux des malheureux prisonniers. Les futurs mariés furent placés aux sièges d'honneur et les trois frères étaient auprès d'eux.

On commença à servir les mets. Sagnah avait peine à cacher son inquétude : si le sorcier ne venait pas, si elle était obligée d'avaler cet horrible repas...


Tout à coup, une clameur épouvantable retentit, la terre trembla et, au milieu de la stupeur générale, le sorcier apparut ! Dans chacune de ses mains il tenait une énorme masse de pierre. D'une voix semblable au roulement du tonnerre, il leur jeta ces terribles paroles :

- Misérables mangeurs de chair humaine ! Bien souvent je vous ai avertis ! Vous alliez encore faire un de vos horribles festins ! Écoutez-moi ! Mon pouvoir vous empêche de bouger, mais vous pouvez m'entendre... Jamais plus vous ne commettrez ce crime atroce ! Ma malédiction va vous atteindre et ce sera pour toujours ! Votre tribu va être anéantie, vos wigwams détruits, la terre même où vous avez vécu va disparaître !

Les Géants semblaient pétrifiés... tremblants de rage, ils étaient incapables de bouger et de crier.

Puis, le sorcier s'adressa à Sagnah.

- Cours, fuis ce camp maudit, en dehors des limites de ce camp, tu trouveras du secours.

Sagnah s'enfuit sans oser se retourner. Elle courut, courut... et tomba sur une troupe de guerriers menés  par son fiancé. Il avait, parait-il, reçu par un pic enchanté, un message du bon sorcier.

La nuit suivante une tempête se déchaîna et un terrible tremblement de tête ébranla une partie de la région. Le bon sorcier avait anéanti la cruelle nation des Géants et là où auparavant se dressait leur village,  se dresse maintenant un rocher géant et à ses pieds, roulent les masses fougueuses d'une rivière souvent en colère et dont les flots semblent recouvrir un abîme sans fond.

Sagnah se maria au chef da sa tribu et les deux amoureux vécurent heureux pendant bien des années. Leurs enfants apprirent l'histoire du rapt de leur mère  et ils appelaient toujours la rivière qui provenait de cette époque, la rivière « Sagnah », comme leur père le leur avait appris.

Plus tard, les colons français appelèrent cette rivière Sagnah ou Sagnay.  Elle devint Saguenay.  Mais, personne ne savait que les énormes rochers, s'élevant à une hauteur de deux mille pieds au-dessus de la masse des eaux, étaient les chefs de la cruelle nation cannibale que le sorcier avait transformé en Géants de pierre.
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MessageSujet: les l"gendes que je connais ......   le Taj Mahal noir - Page 4 EmptyMar 11 Mar - 17:00


Les légendes continuent, même à l'heure du micro-ordinateur, de l'Internet et des nouvelles technologies, à alimenter notre imaginaire.
Les légendes québécoises ont eu et ont encore souvent un rapport avec la religion et la pratique du culte. On y retrouve bien sûr des fantômes et des revenants. Le diable, symbole du mal, est souvent présent et bon nombre de fois, se fait rouler par les humains, malgré les nombreux pactes qu'il signe avec eux en échange de leur âme.
Le mythe ou l'exaltation des hommes forts a aussi été une constante à travers les siècles. Le Québec n'a pas échappé à cette règle.
Et que dire du rôle des premières nations dans l'histoire québécoise!

Dans cette rubrique, je veux vous présenter des légendes recueillies dans différentes régions du Québec. Je vous les raconte comme on me les a racontées.
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MessageSujet: belle légende Québécoise   le Taj Mahal noir - Page 4 EmptyMar 11 Mar - 17:06

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À Montréal, dans le quartier Côte-des-Neiges, existe une petite tour appelée la tour de Trafalgar. Cette tour n'a pas très bonne réputation. On raconte que plusieurs personnes l'ayant visitée y étaient revenues en affirmant y avoir vu d'étranges phénomènes : du sang sur les murs, une main fantomatique semblait vouloir les étrangler, des bruits de pas qui résonnaient sur le sol lorsqu'ils s'enfuyaient du lieu, etc.  
Georges Boucher de Boucherville* publia, en 1835, une étrange histoire. A-t-il vraiment vécu ce qu'il nous raconte ou n'est-il pas plutôt l'initiateur de cette légende ?

Je vous raconte, à ma façon, la légende de la Tour de Trafalgar.

Léocadie, jeune et jolie brunette de 17 ans, vivait avec sa tante dans le quartier  Côte-des-Neiges. Une figure douce et spirituelle, des manières agréables et une assez jolie fortune, faisaient d'elle le meilleur parti de son quartier. Fiancée à Joseph dont elle était profondément amoureuse, elle n'attendait que le jour béni où tous les deux seraient enfin unis par les liens indissolubles du mariage.
Un jour que Léocadie venait d'aller à l'église y faire ses dévotions, un jeune homme entra, non pas tant pour y prier Dieu, mais pour y admirer l'intérieur de l'édifice.  Il vit la jeune fille traversant la nef d'un pas léger pour sortir du temple. Il conçut pour elle un amour fort, violent et passionné. Après avoir fréquenté la jeune fille quelques temps, c'est de la tante de Léocadie que l'étranger apprit que le coeur de la jeune fille était déjà pris. Il jura alors de se venger de celle qu'il avait tant aimée. Il lui lança alors, avant de partir,  ces paroles sinistres: "Regarde le soleil, comme il est rouge; il est rouge comme du feu, comme du sang, comme le sang qui doit couler".
La veille de son mariage, Léocadie et son fiancé Joseph, partirent ensemble pour aller se promener à la montagne, et jouir d'une agréable journée printanière. C'est ainsi qu'ils se rendirent jusqu'à la petite tour. Comme ils mettaient les pieds sur le seuil de la porte, un homme, que Léocadie reconnut aussitôt, se précipita, rapide comme la foudre, avec un couteau à la main. Elle jeta un cri, pâlit, et tomba sans connaissance et sans vie aux pieds de son assassin qui l'avait frappée au coeur. Joseph s'élança alors sur lui voulant venger sa bien-aimée ou mourir avec elle. Une lutte violente s'engagea. L'étranger jeta Joseph par terre et un genou sur sa poitrine, le saisit à la gorge et l'étrangla. Le lendemain, on les découvrit tous les deux assassinés. L'étranger fut arrêté, condamné à être exécuté et avoir les bras, jambes, cuisses et reins rompus vifs sur un échafaud qui fut dressé sur la place du marché de la ville.
La tour de Trafalgar devint alors un lieu maudit. Plusieurs témoins ont affirmé s'y être rendus. Tous ont aperçu du sang sur les murs et sur la porte. Et, chacun jurait que la peur et l'angoisse qu'il ressentait alors, les obligeaient à fuir les lieux. Pire, tous affirmaient qu'ils entendaient des bruits de pas derrière eux lorsqu'en courant, ils dévalaient la pente du sentier menant à la tour.
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MessageSujet: histoire vécue histoire longue mais belle    le Taj Mahal noir - Page 4 EmptyMer 19 Mar - 19:06

21 août 1933. À 18 ans, déjà pute, mythomane, voleuse et parricide. Telle est Violette Nozière.

Sa peine allégée par Pétain, son exil levé par de Gaulle, l'empoisonneuse réussit même à décrocher sa réhabilitation. Et à faire cinq enfants !



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Au 9, rue de Madagascar, dans le 12e arrondissement de Paris, la famille Nozière se prépare à se coucher. Nous sommes le 21 août 1933. En guise de dessert, une dose létale de somnifères. Une pour maman et une pour papa, servies sur un plateau par leur adorable et unique fille de 18 ans, Violette Nozière. Elle en a marre, de ses vieux ! Qu'ils crèvent ! Son procédé : leur faire croire que tous les trois doivent avaler un médicament pour soigner une syphilis "familiale" de son invention. Elle a déjà essayé cette technique en mars mais a raté son coup, la dose de barbiturique employée était trop faible. Cette fois, elle a mis le paquet.

À chacun son petit sachet. Le père avale le sien sans se méfier, la mère seulement la moitié, et Violette s'enfile le sien, identique aux deux autres, mais marqué d'une petite croix car il ne contient qu'un simple dépuratif. Elle attend patiemment que l'effet arrive. Lequel de papounet ou de mamounette va tomber le premier ? C'est son père, Baptiste Nozière. Normal, vu la dose qu'il a prise, le bougre. Il s'effondre sur le lit de sa fille. Ha, ha, ha ! Bientôt c'est au tour de la mère, boum ! Waouh ! Un plongeon encore plus chouette que celui de papa, car en prime maman se cogne violemment la tête sur le montant du lit en tombant.

Quel magnifique spectacle ! Enfin, la jeune fille va pouvoir continuer sa vie de débauche grâce aux économies de ses parents, sans avoir à s'en cacher, depuis le temps qu'elle en rêve. Avant de quitter l'appartement, Violette ratisse leurs poches, met la main sur la paie de son paternel et s'enfuit avec le butin, laissant ses parents mourir tranquillement.

Comment de simples gens ont-ils pu enfanter un tel monstre ? Après son certificat d'études, la petite fille sage et bonne élève se mue en une vraie peste. Elle est virée de plusieurs écoles, car Violette est devenue "paresseuse, sournoise, hypocrite et dévergondée. Un exemple déplorable pour ses camarades", note un professeur. Elle commence à mentir à longueur de temps, à avoir de très mauvaises fréquentations, comme Madeleine Debize, dite Maddy. Les deux jeunes filles délurées n'ont pas froid aux yeux. Elles paraissent plus que leur âge, se dévergondent, flirtent avec un tas de garçons, sortent sans arrêt. Finie la Violette jeune fille de bonne famille, place à la débauche ! Un train de vie qui coûte cher, alors Violette commence à piquer de l'argent dans le porte-monnaie de sa mère, à voler dans les magasins... Mais, pour se payer de belles toilettes, des taxis, des chambres d'hôtel, bientôt ses petits larcins ne suffisent plus.

Elle pose nue pour des magazines et va même jusqu'à se prostituer. Call-girl de luxe, elle ne choisit que des clients fortunés. Franck Ribéry couche son numéro de portable dans son agenda. Sauf qu'à force de coucher avec tout ce qui bouge, elle attrape la syphilis. Si ses parents apprennent ça, ils vont être furax. Dès lors, Violette leur cache la vérité et se fait suivre par le docteur Déron à l'hôpital Xavier-Bichat. Ses bobards se multiplient, le couple Nozière ne se doute de rien, et pendant ce temps leur gamine mène une vie dissolue, écumant les bistrots du Quartier latin remplis d'une clientèle aisée. Elle a honte de son milieu modeste et se présente d'ailleurs comme fille de grand ingénieur, alors que son père n'est qu'un simple chauffeur aux chemins de fer, quel nase !

Sacrée comédienne

Début mars 1933, la syphilis de Violette s'aggrave, elle ne pourra bientôt plus la cacher, il va falloir passer aux aveux. Mais la maligne a plus d'un tour dans son sac, elle s'arrange pour obtenir de faux certificats médicaux auprès du Dr Déron, des plus compréhensif, voire naïf, attestant de sa virginité de manière à faire passer sa maladie pour une hérédosyphilis, donc transmise par ses parents eux-mêmes ! Violette, pauvre victime. Le père Nozière est convoqué le 19 mars par le médecin qui l'informe de la maladie "héréditaire" de sa fille, et par conséquent de la sienne et de celle de son épouse ; ils ont tous le "mal du siècle". Le soir même, une dispute éclate dans le cocon familial, les parents s'engueulent, s'accusent mutuellement, puis s'en prennent à Violette.

C'est la goutte d'eau. Il faut vraiment qu'elle les fasse passer de vie à trépas avant que le piège ne se referme. Le 23 mars, elle se procure un puissant barbiturique et le fait avaler à ses parents comme étant un traitement que ce cher Dr Déron leur a prescrit à tous les trois pour soigner leur syphilis "familiale". Ils gobent tout ! C'est la première tentative d'empoisonnement de leur fille, ils ne se doutent de rien et vont se coucher tranquillement. Pendant ce temps, Violette allume un feu chez eux, persuadée qu'ils sont déjà à moitié morts. Elle court aussitôt frapper à la porte des Mayeul, leurs voisins, pour crier "au feu !" afin qu'on appelle les pompiers et les implore de sauver ses parents chéris. Sacrée comédienne.

Violette a la rage au ventre quand elle voit son père se réveiller et sortir de l'appartement. Raté ! Violette a utilisé une dose bien trop faible ! Sa mère, semi-comateuse, est emmenée à l'hôpital où elle se réveille finalement. Doublement raté ! Tout le monde pense alors, y compris les toubibs, que ce sont les fumées de l'incendie qui ont provoqué le malaise du couple Nozière, une simple intoxication. Violette n'est pas soupçonnée une seule seconde, elle est même félicitée par ses parents de les avoir sauvés.

Elle reprend sa double vie, une nouvelle tentative serait trop risquée tout de suite, elle va patienter. En juin, elle rencontre Jean Dabin, étudiant en droit endetté et pique-assiette trois étoiles. Comme avec tous, elle se fait passer pour une friquée. Bingo pour Jean, il vit désormais aux crochets de sa nouvelle conquête, et ce sont 50 à 100 francs qu'il lui réclame tous les jours. Il va vraiment falloir qu'elle pense à buter ses parents avant qu'ils ne s'aperçoivent de son manège, les passes ne suffisent plus pour entretenir son beau mâle. Le 21 août 1933, au logis familial, Germaine et Baptiste Nozière sont dépités, ils viennent de s'apercevoir qu'il leur manque de l'argent. Immédiatement ils soupçonnent leur fille et se mettent à fouiller ses affaires. Ils tombent sur une lettre de ce Jean Dabin, tout leur paraît clair. Ils sont furieux, non seulement Violette leur pique du fric mais, en plus, elle n'arrivera pas vierge au mariage. C'est un scandale ! Ils attendent de pied ferme que leur satanée progéniture rentre, bien décidés pour une fois à lui passer un savon.

"Le monstre en jupons"

Dès que Violette rentre à la maison, les foudres de son père s'abattent sur elle, une violente dispute éclate. Comme tout mythomane qui se respecte, Violette s'en tire avec quelques arguments délirants, et les vieux tombent dans le panneau. Le climat s'apaise, le dîner se déroule sans problème. Le moment est idéal pour sortir trois petits sachets du fameux "traitement" contre leur syphilis du Dr Déron, exactement comme la première fois. Les voilà tous les trois à prendre leur "médicament".

Baptiste Nozière s'effondre, suivi de Germaine. Leur garce de fille prend l'argent qu'elle trouve et déguerpit. Elle ne revient que le surlendemain dans la nuit. Elle trouve son père mort - génial -, la mère respire encore, encore raté. Décidément, elle est meilleure au tapin qu'à l'empoisonnement. Elle ouvre les vannes de gaz et court chercher les voisins, les Mayeul, encore eux, pour faire croire que ses parents se sont suicidés au gaz. Les pompiers et la police débarquent. Germaine est emmenée d'urgence à l'hôpital Saint-Antoine. Une enquête est ouverte. Deux choses interpellent les policiers. D'abord, contrairement à tous les autres jours, aucune dépense n'est inscrite dans le carnet de comptes tenu par Mme Nozière à la date du 22 août. Bizarre. De plus, après relevé des compteurs de gaz et comparaison avec le relevé précédent, ils remarquent que la dose de gaz échappée avec laquelle le couple Nozière s'est prétendument suicidé est bien trop faible pour tuer même une mouche.

La gamine doit mentir. Impossible que le gaz ait tué monsieur et mis madame dans cet état. Le 23 août, aux alentours de 15 heures, Violette est emmenée au chevet de sa mère à l'hôpital pour une confrontation par le commissaire Gueudet, il veut en avoir le coeur net. Il demande à la jeune fille de patienter dans une pièce jouxtant la chambre de la mère car il préfère questionner d'abord seul la malade. Germaine Nozière, qui sort juste du coma, est dans le coaltar et se révèle bien incapable de répondre à ses questions. Tant pis, ce sera pour plus tard. Il retourne chercher Violette, mais celle-ci a disparu ! Sa fuite est un aveu incontestable.

Le lendemain, le 24, Germaine peut enfin parler et raconte la soirée du 21 avec ces sachets de poudre. Le corps du père est autopsié, l'empoisonnement aux somnifères confirmé. Violette est inculpée d'homicide volontaire et se retrouve avec un mandat d'amener aux fesses. La presse s'empare de l'affaire qui fait d'emblée la une de tous les journaux. "Le monstre en jupons traqué par la police." Le 28 enfin, elle se fait pincer par la brigade criminelle dans le 7e arrondissement. Pendant l'interrogatoire, elle avoue avoir voulu vraiment tuer son père, mais pas sa mère. Son mobile, ou plutôt son excuse : M. Nozière abusait de Violette depuis ses 12 ans. Bah voyons, c'est encore elle la victime. Pauvre chérie.

De la peine capitale à un casier vierge

Rapidement, Violette devient la muse des journalistes, des écrivains, des chansonniers, des peintres, jusque de l'autre côté de l'Atlantique. Tous se gargarisent de cette histoire d'empoisonnement sordide de la rue de Madagascar. La vie des Nozière est épluchée, rendue publique, du réel au sensationnel, à en faire pâlir Gala et Voici. Violette Nozière fait vendre, d'autant qu'elle reçoit les mêmes honneurs que les plus grands criminels, car un commissaire "people" est chargé du dossier. Le fameux Marcel Guillaume, connu grâce aux affaires de la bande à Bonnot, de Landru et de l'assassinat du président Doumer. Flatteur pour la jeunette.

Le pays se divise vite en deux camps, les "pour" et les "contre" Violette. La gauche fait d'elle un symbole de la lutte contre la société et ses dérives. La droite la fustige, décidée à corriger cette jeunesse d'après-guerre dévoyée. Quoi qu'il en soit, l'affaire Nozière est sur toutes les lèvres. Au procès, l'année suivante, on se bouscule. Germaine Nozière, qui au départ n'acceptait pas les excuses de sa fille, allant jusqu'à lui suggérer carrément de se suicider et se portant même partie civile contre elle, implore finalement la clémence des juges. Malgré tout, le 12 octobre 1934, Violette Nozière est condamnée à la peine de mort pour parricide et empoisonnement. Le mobile retenu est son désir de mettre la main sur les 165 000 francs d'économies de ses parents pour continuer à entretenir son amant.

Violette sera graciée par le président Albert Lebrun le 24 décembre de la même année, sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité. Un sacré cadeau de Noël. En prison, elle plonge dans la religion et devient bientôt l'opposé de ce qu'elle était, c'est-à-dire irréprochable. En octobre 1937, elle se rétracte même de ses accusations contre son père dans une lettre adressée à sa mère. Seconde grâce présidentielle pour son comportement exemplaire, sa peine sera réduite par le maréchal Pétain à 12 ans de travaux forcés à compter de sa date d'incarcération.

Le 29 août 1945, elle retrouve sa liberté. Mieux, la même année, de Gaulle lève l'interdiction de séjour de vingt ans sur le territoire. Violette, 30 ans, revient vivre à Paris. Elle se marie l'année suivante, fait cinq enfants et s'occupe même à merveille de sa mère. Et, fait exceptionnel, elle est en prime réhabilitée le 13 mars 1963. Du jamais-vu ! Elle est la première personne condamnée à la peine capitale qui retrouve le plein exercice de ses droits civiques et un casier vierge. Elle n'en profitera pas, elle se bat déjà contre un cancer qui a raison d'elle trois ans plus tard. Ce n'est qu'après sa mort que ses enfants apprendront l'histoire de leur mère. Elle est devenue l'une des plus célèbres empoisonneuses de l'histoire, dont la vie sera immortalisée à l'écran par Isabelle Huppert dans le film de Claude Chabrol Violette Nozière, en 1978.
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MessageSujet: Eloy et le diable    le Taj Mahal noir - Page 4 EmptyDim 23 Mar - 20:15


Eloy et le diable ennuyé ou
comment Lucifer trouva son maître


le Taj Mahal noir - Page 4 692256EloySatan


Ne parvenant pas à convaincre par l’appât du gain et des honneurs Eloy, le plus riche et le plus courageux habitant de la contrée possédant bétail et terres fertiles, de lui confier l’âme pure de sa fille, le diable, un jour en fâcheuse posture et s’agrippant à la paroi d’un gouffre, pense enfin tenir sa chance de berner notre rusé fermier en lui proposant un alléchant échange : la vie sauve de Lucifer en échange d’une bague aux mille pouvoirs...
Cette légende prend place au cœur d’un pays très accidenté, très sauvage, tout bosselé de montagnes, hérissé de rochers, crevassé de gouffres noirs, de précipices profonds... C’est en somme un affreux pays ; et pourtant on y vit et on y meurt tout comme ailleurs. Les habitants le trouvent superbe, ils y vivent heureux parce qu’ils y sont nés, et que le plus beau pays du monde est toujours celui où l’on a vu le jour.

Comme en tous lieux il y avait là des riches et des pauvres. N’allez pas croire que les riches étaient des financiers remuant des millions à la pelle, possédant hôtel à la ville, château à la campagne, villa à la mer, chevaux à l’écurie et automobiles au garage. Non. La richesse était pour eux maison solide, beaux bestiaux et quelques arpents de terre biens fertiles dans les vallons au pied de la montagne. Des millions, les gens de ce pays n’auraient su compter si loin ; quant aux automobiles, elles n’eussent pu y rouler pour la bonne raison qu’elles n’étaient pas encore inventées. Les pauvres étaient là, comme partout, ceux qui n’ont ni feu, ni lieu.

Le plus riche de l’endroit c’était incontestablement Eloy. Nul ne possédait d’aussi belles têtes de bétail, nul n’avait, dans ses granges, de plus belles récoltes. Eloy vivait heureux avec sa femme, ses fils et sa fille Nicole. Nicole, de l’avis de tous, était la plus belle fille du pays, et, chose plus rare, elle était aussi bonne que jolie et tout le monde l’adorait.

En ce temps-là, le diable faisait sur terre maintes excursions. Parfois, suivant les circonstances et les coups qu’il méditait, il laissait deviner sa personnalité ; parfois, voyageant incognito, il cherchait avec soin à dissimuler de son mieux ses cornes, ses ongles crochus, sa longue queue et se parfumait tant et plus pour masquer la vilaine odeur de soufre dont il était imprégné. Ses visites avaient alors pour but de récolter des âmes pour peupler son enfer, car il désire avoir autour de lui nombreuse société.

Mais s’il aime la quantité il apprécie surtout la qualité et lui-même se dérange quand il s’agit d’attirer à lui une jolie petite âme bien blanche, bien pure. Les autres, âmes de voleurs, d’escarpes, d ivrognes invétérés et de joueurs, décavés ou non, lui sont acquises d’avance ; c’est tout au plus s’il envoie de temps à autre un de ses caporaux ou un de ses sergents pour leur rappeler l’invitation future.

Depuis quelque temps on avait remarqué dans le pays les visites nombreuses de Lucifer. C’était surtout vers la demeure d’Eloy qu’on le vovait roder. Or, un beau jour qu’Eloy se rendait aux champs, Lucifer l’accosta. Le diable n’est point bête — on l’a, du reste, surnommé l’Esprit malin — mais Eloy n’était point bête non plus. Le diable le savait ; aussi ne chercha-t-il pas de faux-fuyants mais alla droit au but :

— Ecoute, Eloy, j’ai une proposition avantageuse à te faire.

— Avantageuse ?... pour vous peut-être, mais pour moi, je n’y crois guère... Enfin, dites toujours, messire Satan.

— Tu es riche, je le sais, mais je sais aussi que tu voudrais être plus riche encore, je sais que tu désires augmenter ton bien, agrandir tes propriétés et que tu convoites certains champs fertiles, là-bas au pied de la montagne...

Satan parlemente avec Eloy
— Et puis ?...

— Et puis il ne dépend que de toi d’avoir, non seulement ce que tu ambitionnes, mais plus encore. Si tu le veux, tout le pays sera à toi, tous les bestiaux t’appartiendront ; tu seras le maître absolu, le seigneur, le roi du pays !...

— Oui da !... Et que faut-il faire pour cela, Messire.

— Bien peu de chose ?

— Mais encore ?...

— Ecoute : tu vas me signer un tout petit papier...

— Et il dira, ce petit papier ?...

— II ne t’engageras toi-même à rien, mais tu as une fille : Nicole ; tu me céderas son âme tout simplement, je la sais bonne et intelligente et j’aurai besoin d’elle plus tard...

— Vraiment !...

— Oh ! rassure-toi, rien ne presse, j’attendrai que le moment venu de quitter la terre ait sonné pour elle et alors seulement je réclamerai l’exécution de notre traité.

— Et vous croyez que je vais accepter ça ?... Nenni, Monseigneur. Vous pouvez retourner d’où vous venez et vite encore !...

— Réfléchis donc à ce que je t’offre : tout un pays, les honneurs, la richesse en échange d’une toute petite âme de rien du tout !

— Et d’abord si c’était une toute petite âme de rien du tout vous n’en auriez point tant envie car vous ne voudriez pas être dupe, vous qui dupez les autres, et puis je veux bien des richesses, mais lorsque je les acquiers honnêtement ; quant aux honneurs, je m’en moque, j’aime mieux être l’ami de mes voisins que leur seigneur... Bonsoir, Messire !...

Et Eloy tourna les talons, laissant Lucifer tout penaud. « Diable ! se dit le diable, ça ne va pas tout seul !... Bah !... le dernier mot n’est pas dit », grogna-t-il en rebroussant chemin... Le soir, en rentrant chez lui, Eloy vit Satan se dresser sur son chemin.

— As-tu réfléchi à ce que je t’ai dit ce matin ?

— C’est tout réfléchi, Messire, inutile d’y revenir... Filez ! j’ai faim, je vais dîner.

— Prends garde, Eloy, je suis puissant ; si tu ne cèdes pas, malheur à toi !...

— A votre aise, Messire, mais je ne céderai point.

— Alors, c’est la guerre ?...

— Comme il vous plaira.

Lucifer, de sa voix fausse chantonna :

Je ferai tant de vexation,
Maître Eloy, disait Satan,
Tant de tourments et tant d’ahan
Que nul se le sçauroit penser,
Toujours prest à recommencer,
Quy se veult garder bien se garde,
Et qu’il soit toujours sur sa garde !
Eloy ferma sa porte au nez de Lucifer. En entrant à l’étable le lendemain matin, Eloy fut surpris de voir que deux de ses bœufs, les plus robustes, qui, la veille encore étaient pleins de vie, gisaient par terre, lamentablement... Ils étaient morts !... Eloy se désespéra un moment, pleura, puis reprit le dessus. C’était un homme énergique, il fit enfouir les deux pauvres bêtes et se rendit aux champs.

Là un autre malheur l’attendait. Une pièce de terre était complètement dévastée, les blés qu’on devait moissonner le lendemain étant carbonisés et répandant une odeur de soufre qui prenait à la gorge. Cette odeur fut une révélation pour notre homme :

— Satan, le misérable, a passé par ci, s’écria-t-il.

— Tu l’as dit, fit derrière lui une voix moqueuse, et même il y est encore, tu vois ? Et si tu ne cèdes à sa demande, tu le trouveras toujours sur ta route et partout où il sera, le malheur fondra sur toi... A propos, comment vont tes bestiaux ? s’interrompit-il en riant... Voyons, es-tu prêt à signer ?...

Eloy voit Satan se dresser devant lui
Eloy voit Satan se dresser devant lui
— Jamais ! riposta Eloy. Tu entends !... jamais ! Quoi que tu fasses, je ne signerai pas.

— C’est à voir !

— C’est tout vu !...

A dater de ce moment les calamités écrasèrent le pauvre Éloy, ses volailles moururent les unes après les autres, ses bœufs, ses moutons, ses poules, ses oies, ses canards, tous y passèrent. Les champs furent dévastés. Le feu prit aux granges, les fourrages, les récoltes, furent détruits. Et après chaque désastre Satan apparaissait sarcastique, grommelant ces deux mots : « Signes-tu ? » Et toujours, sans hésiter Éloy lui répondait : « Jamais !... »

Après chacune de ces entrevues, Eloy serrait sur son cœur sa chère Nicole, l’auteur innocent de tous ses maux, et la bonne enfant cherchait à consoler son père : « Le malheur nous accable, père chéri, mais la prospérité reviendra ; nous souffrons maintenant, mais le bonheur renaîtra bientôt, crois-moi ». C’est la misère qui vint, et d’autant plus affreuse à supporter que jusqu’ici on avait vécu dans l’aisance. Eloy, ses fils, sa femme et sa fille travaillaient sans relâche, mais leur travail, une fois terminé, était toujours détruit, anéanti.

Un jour où plus triste, plus chagrin que d’habitude — car il ne restait rien à manger à la maison et, fiers, ni Eloy ni les siens ne voulaient rien demander —, un jour qu’Eloy assis sur un rocher cherchait les moyens de conjurer le sort, il entendit non loin des plaintes et des cris de douleur, puis des appels désespérés. Il s’avança, chercha d’où ils pouvaient provenir. Les appels, qui devenaient de plus en plus pressants, sortaient d’un gouffre béant au milieu d’un éboulis de rochers. Eloy s’avança avec précaution jusqu’à l’orifice sur lequel il se pencha, cherchant à ne pas perdre I’équilibre, car derrière lui un autre gouffre, plus noir et plus profond encore, s’ouvrait menaçant.

— A moi ! à moi ! criait la voix.

— Qui es- lu ? demanda Eloy ?

— Eloy ! c’est toi, viens à mon secours, je t’en supplie !

— Ah ! c’est vous, Messire ? Enchanté de vous voir en si belle posture : eh bien, restez-y !

— Non non ! je t’en supplie, tire-moi de là et je te promets...

— Vos promesses ? je n’en ai cure, vous ne les tiendriez pas.

— Eloy ! je te jure, et tu sais que je ne mens pas à mes serments, je te jure que si tu me tires de là, je renoncerai à ce que je t’ai demandé, je réparerai tout le mal que je t’ai fait, la prospérité, le bonheur renaîtront chez toi...

— A d’autres, mon maître. Restez où vous êtes, je vous y trouve fort bien à votre place.

— Sauve-moi, je t’en supplie, je suis déchiqueté, je n’ai plus la force de me tenir sur la paroi où je suis accroché ; si tu ne viens à mon secours je dégringole au fond du gouffre.

— Vous y serez bien mieux encore, croyez-moi.

— Eloy, je t’en conjure...

— Eh bien ! écoutez : Que m’offrez-vous si je vous tire de là ?

— La bague que j’ai au doigt. Elle ne me quitte jamais. Celui qui en serait possesseur acquerrait aussitôt une partie de ma puissance et de plus je ne pourrais plus rien contre lui.

— Bien ça ! mais une fois sorti de votre nouvelle demeure, où vous mériteriez bien que je vous laisse, qui me prouve que vous me le remettrez, ce talisman ?

S’il n’avait fait si noir dans le trou où Satan était de plus en plus mal à l’aise, on eût pu le voir faire une épouvantable grimace, non de douleur cette fois, mais de rage de penser qu’un simple mortel avait pu deviner sa fourberie. Son intention, en effet, était de se faire sauver et une fois en sûreté il eût tiré sa révérence à maître Eloy et fût parti en se moquant de lui. Mais nous l’avons dit, Eloy était malin.

— Eh bien, Messire, reprit-il, vous ne répondez point ? Quelle garante me donnez-vous ?

— Ma parole

le Taj Mahal noir - Page 4 301510GouffreSatan

Le diable coincé dans le gouffre

— Eh ouais ! mon maître, vous me prenez pour un autre. Nenni, je n’en veux point et je vous laisse... Bonne nuit !
— Elov, je ferai ce que tu voudras, mais sors-moi d’ici, je n’en puis plus.

— Soit ! je vais chercher des cordages, j’amènerai mes fils car seul je n’y suffirais pas : tous les méfaits et les vilaines histoires que vous avez sur la conscience doivent vous rendre bien lourd. Et on vous tirera de là, mais, auparavant, vous passera une ficelle... Soyez tranquille, elle sera trop mince pour vous soutenir... Vous y attacherez le bijou promis et quand je l’aurai bien enserré dans ma poche on vous enverra des cordages, solides cette fois, et on nous hissera vous, vos cornes et votre vilaine queue.

— A mon tour. Où est ma garantie ? Quand la bague tu auras, qui m’assure que tu me sortiras d’ici ?

— Ma parole ! c’est celle d’un honnête homme, Satan, et je n’y ai jamais manqué !

— Jure !

— Soit ! Je jure qu’en échange de la bague je vous tirerai de là !

Eloy fit ce qu’il avait dit : il alla chercher ses fils, revint avec des cordages et tendit la ficelle, pêcha le talisman promis, puis enfin, non sans peine, on hissa Lucifer... En quel piteux état !... Meurtri, contusionné, une corne faussée, la queue pelée, les vêtements en loques. Et tandis qu’il se frictionnait et cherchait à se remettre d’aplomb... vlan ! d’une poussée Eloy l’envoya rouler dans le gouffre voisin, abîme si noir et insondable que nul n’en put jamais apprécier la profondeur.

— Misérable parjure, hurla Satan en perdant l’équilibre, tu manques à ton serment !

— Que nenni. Monseigneur, j’ai juré de vous tirer d’un gouffre, mais je ne vous ai point juré de ne pas vous envoyer dans l’autre... Et cette fois vous y resterez, foi d’Eloy. Quant à votre bague point ne la garde, car je ne veux rien de vous, je la renvoie d’où vous sortez !

Pendant plusieurs jours on put voir non seulemet Eloy et ses fils, mais encore tous les gens du pays affairés, travaillant sans relâche à précipiter dans le gouffre où gisait Lucifer, des monceaux de pierre et des quartiers de roches dégringolant avec un effroyable bruit qui allait s’éteignant peu à peu, l’abîme étant si profond qu’on n’entendait point le choc final.

Eloy se remit au travail. O prodige ! Au lieu d’être anéanti, une fois terminé tout travail exécuté par Eloy où l’un des siens se doublait aussitôt. Bientôt l’aisance revient et bientôt la richesse. Nicole était plus jolie que jamais, les champs plus fertiles, les bestiaux plus nombreux et plus forts et les volailles plus grasses. Eloy redevint le plus riche habitant du pays, mais il en resta le meilleur.

Parfois, dans la contrée, quelque tremblement de terre fait tressaillir le sol, quelques rochers sortent de leurs alvéoles et quelques arbres sont déracinés. On entend des grondements souterrains... C’est Lucifer qui se démène en vain dans le nouveau local où Eloy l’a si bien installé.


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MessageSujet: légendes et contes   le Taj Mahal noir - Page 4 EmptyMer 9 Avr - 9:38

la légende du flocon de neige

Il était une fois, il y a longtemps, habitaient de petits moutons argentés dans le ciel ! St-Pierre les avaient adoptés pour passer le temps ! Il les surnommaient flow ou flo ! Cela voulait dire "enfants" car ceux-ci n'arrêtaient pas de courir et de jouer partout.

Ils étaient très doux mais aussi très capricieux. Parfois, ils allaient courir dans le ciel. Mais de petites étoiles restaient accrochées à leur laine. Un jour, Dieu décida d'emmener le froid au monde !

Mais les petits moutons, très capricieux et nécessitant un petit confort chaud et douillet, se mirent à courir dans tous sens sur les nuages ! Si vite que les étoiles se décollèrent de leur laine et tombèrent du ciel !

Dieu était très ravi et donna à ces petites étoiles blanches, le nom de flocon (mélange de flow et de moutons). C'est depuis ce jour qu'on peut apercevoir des petits flocons tomber du ciel !!




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Peut-être avez vous déjà entendu des bruits sourds, près des ruisseaux, la nuit. Comme des coups de battoir sur le linge. Alors, passez votre chemin bonnes gens, et ne cherchez pas à savoir d'où vient ce bruit : se sont les lavandières de nuit.

Guillo, c'est le bon à rien du village, paresseux du soir au matin. Il ne sait que boire, boire et chanter après avoir bu. Tout le monde le connaît à Tréhorenteuc.
Ce soir là, Guillo a le vent en poupe. Il a passé toute la soirée au café du village et le voilà qui rentre chez lui, sous la pleine lune, en chantant à tue-tête. La nuit est trop douce pour prendre le raccourci par les prés, aussi prend-il la route qui monte vers Trébottu.

Lorsqu'il arrive au petit pont sur le Rauco -le ruisseau qui descend le Val sans Retour- Guillo entend des bruits sourds, des battements, à sa gauche, près du moulin en ruine. Intrigué, il quitte la route et longe le ruisseau pendant un bon moment. Il se heurte sur les souches, il trébuche sur les pierres, et il patauge dans la boue.
C'est là qu'il aperçoit deux femmes, vêtues de blanc, à genoux au bord du ruisseau. Elles lavent un grand drap et le frappent de leur battoir. Guillo, malgré l'ivresse, n'en croit pas ses yeux : est-ce une heure pour laver du linge en pleine forêt ? Peu importe, il fait demi-tour, mais alors qu'il repart, le voilà qui trébuche sur une grosse pierre et tombe dans le ruisseau. Les deux lavandières sursautent et se tournent vers lui.

Mon Dieu, quels visages ! La lumière blafarde de la lune éclaire ces visages sans vie, aux traits durs et profonds ; leurs yeux sont noirs et vides. Guillo, térrifié, bondit hors de l'eau, mais il n'a pas le temps de fuir que l'une des femme lui crie :
_ Approche ! Viens nous aider.
L'homme, comme pétrifié, s'approche des lavandières en titubant. Impossible de fuir, la voix l'attire comme une guêpe sur une tartine de miel. Les femmes lui tendent alors le drap qu'elles ont lavé et qui ruisselle d'eau.
_ Eh bien ! dit l'une d'elles, qu'attends-tu ? Aide nous à tordre ce drap.
Sans réfléchir, embrumé par les vapeurs d'alcool, Guillo saisit l'extrémité du drap. A l'autre bout, les lavandières tordent le linge, mais lui ne bouge pas. Avec peine, il parvient quand même à dire :
_ Mais qui êtes-vous ? Et pourquoi lavez-vous ce drap en pleine nuit ?
_ Nous lavons le linceul d'un homme qui doit mourir cette nuit. Si nous ne le faisons pas, le pauvre n'aura même pas un linceul pour son dernier voyage.
Sur le coup, Guillo prend ça pour une plaisanterie et le voilà qui éclate de rire. Il est maintenant de tellement bonne humeur, qu'il se met à tordre le drap de son côté. Et il tord le drap en le tournant de gauche à droite.
_ Malheur ! s'écria l'une des femmes. Il a tordu le drap dans le sens maléfique !
_ Malheur ! Malheur ! répéta l'autre.

Ces cris résonnent dans les arbres, réveillant tous les animaux de la forêt. Quand Guillo s'est un peu remis de sa frayeur, les lavandières ont disparu. Il s'imagine avoir rêvé, surtout avec tout ce qu'il a bu. Mais c'est alors qu'il sent l'humidité du drap qu'il porte encore sur son bras.
Tout à fait dégrisé, Guillo n'a plus qu'une pensée : courir jusqu'à chez lui, sans se retourner. Mais il n'a pas le temps de faire trois pas qu'il entend un énorme grincement. C'est le grincement des roues d'une charrette qui n'ont pas été graissées depuis des années.
Incapable de faire le moindre geste, Guillo attend, l'oreille tendue. Mais d'où vient cette charrette ? Il n'y a pas de chemin forestier par ici. Cependant l'attelage s'approche, et en plus du grincement des roues, il peut maintenant entendre le claquement de sabots sur le sol, et les branches qui se brisent sur le passage du cheval et de la carriole.

La charrette vient s'arrêter au bord de l'eau. Le cheval se penche pour se désaltérer. C'est alors qu'un personnage vêtu de noir s'approche de Guillo, un fouet à la main :
_ Holà, l'homme ! crie-t-il. Je cherche un nommé Guillo, est-ce que tu l'aurais vu par hasard ?
Guillo ne répond pas. Ses dents claquent, ses mains tremblent, il a l'impression que sa tête va exploser. Le mystérieux personnage tourne autour de lui et dit d'une voix rauque :
_ Mais je ne me trompe pas ! Tu portes ton linceul sur le bras. C'est donc toi Guillo ! Guillo de Tréhoranteuc.

C'est alors que la lune éclaire le visage de cet étrange personnage. Guillo, avec une indicible horreur, voit ce visage et le reconnait : c'est l'Ankou, le Serviteur de la Mort. Alors, ne pouvant supporter cette vision, Guillo tombe à genoux sur le sol.

On raconte qu'à ce moment il y eut un ricannement qui se prolongea dans les arbres et sur la lande. Puis un grand bruit de branches brisées. On raconte que le cheval hennit trois fois et que la charrette s'évanouit dans la nuit. On raconte que personne n'a revu Guillo, Guillo de Tréhoranteuc, depuis cette nuit-là.


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les voleurs volés

IL y avait une fois, comme on dit toujours une fois, une bonne femme qui aimait bien à faire des rôties et à boire un petit coup. Mais son homme le lui défendait. Un matin que son homme était parti aux clos, la voilà qui se met à faire une rôtie, mais elle avait laissé ouvert le haut de sa porte coupée et sa vache la regardait par-dessus le hàe. C’était du temps que les bêtes parlaient. La bonne femme eut peur que la vache ne la vendît [2] ; elle voulut la chasser, mais la bête revenait toujours ; elle lui jeta une hachette à la tête et la tua du coup.
- Qu’est-ce que notre homme va me dire, quand il reviendra, pensa-t-elle, de trouver notre pauvre vache morte ? Il me tuera du coup. J’aime mieux m’en aller au débaoud [3].

Elle quitta donc sa maison et n’emporta que le volet de la porte. Elle rencontra son homme en chemin.
- Où t’en vas-tu, comme ça ?
- Je m’en vais au débaoud. Des voleurs sont venus chez nous. Ils ont tout détruit, il n’est resté que le haut de la porte, que voilà.
- Eh bien ! ma pauvre femme, puisqu’il ne nous reste rien, allons-nous-en ensemble.

Les voilà aller tous deux de compagnie. Ils arrivèrent à un bois. Quand ils furent dedans, ils étaient lassés et ils s’assirent sous un sapin pour se reposer. Mais tout à coup une troupe de gens arrivent. Le bonhomme et la bonne femme eurent peur ; ils grimpèrent dans le sapin, emportant toujours le volet de la porte, et ils attendirent.

Les gens qui arrivaient étaient des voleurs. Sur leur route ils avaient rencontré la vache que la bonne femme avait tuée, et ils cherchaient un endroit pour la rôtir. Ils s’installèrent justement sous le sapin ; ils coupèrent la vache par morceaux, ils se firent un trépied avec des pierres, allumèrent un feu de bûchettes ; ils avaient un hêtier [4], ils mirent dessus des tranches de la vache.

L’homme et la femme voyaient tout ça du haut de l’arbre ; mais la femme était bien embarrassée, elle avait grande hâte à pisser. Elle le déclara à son homme.
- Retiens-toi tant que tu pourras, lui dit-il, ils finiront par s’en aller.

Elle se retint donc, mais les hommes ne s’en allaient pas. Au bout d’un moment elle dit à son homme qu’elle n’en pouvait plus et qu’il lui était impossible de se retenir.
- Eh bien ! lâche tout ! lui dit son homme.

Elle ne se le fit pas redire, elle lâcha tout ; cela coula de branche en branche jusque sur le hêtier.

Les voleurs levèrent la tête, mais le feuillage était si épais qu’ils ne virent rien.
- Va toujours, dit le chef à celui qui cuisinait ; c’est le bon Dieu qui nous envoie la sauce.

Une minute après, la femme dit à son homme qu’elle avait mal au ventre.
- Retiens-toi, retiens-toi, lui dit son homme.
- Elle se retint tant qu’elle put, mais elle finit par dire à son homme qu’elle n’y pouvait plus tenir.
- Eh bien ! tant pis, lâche tout ! lui dit son homme.

Elle lâcha tout, et après avoir dégringolé de branche en branche, cela finit par tomber sur le hêtier.
- Va toujours, dit le chef, c’est bon Dieu qui nous envoie de la moutarde.

La bonne femme tenait toujours le volet, mais la force lui manquait pour le retenir.
- Mon homme, dit-elle, mon homme, je n’ai plus de force, je vais laisser tout échapper.
- Eh bien ! lâche tout ! dit le bonhomme, et que le bon Dieu nous aide !

La bonne femme laissa tomber le volet, qui descendit de branche en branche avec grand fracas.

Les voleurs crurent que c’était le tonnerre ; ils se sauvèrent en abandonnant la vache rôtie et leur argent.

Quand ils les voient partis, le bonhomme et la bonne femme descendent et se mettent à manger la vache. Mais pendant qu’ils mangent, les voleurs reviennent sur leurs pas. Les voilà pris. La bonne femme ne perd pas la tête.
- donne-moi ton couteau, dit-elle à son homme, et tire la langue.

Il donna son couteau, qui était tout rouillé, et tira la langue. La femme se mit à la lui gratter.
- Qu’est-ce que vous faites donc là, brave femme ? demanda le chef des voleurs.
- Vous voyez, je gratte la langue de mon homme.
- Pourquoi faire ?
- Pour l’empêcher de mourir. Quand on a été bien gratté comme ça, la mort ne vous peut plus rien.
- Est-ce que vous ne pouvez pas me gratter aussi ?
- Je veux bien. Donnez-moi votre langue.

Il la lui donne. La bonne femme la coupe. Il s’enfuit en hurlant vers ses compagnons.
- Qu’est-ce que tu as ?
- Il veut parler et il ne peut.
- Qu’est-ce que tu as, enfin ?
- Le, le, le, le, le...

Les voleurs s’imaginent que le diable est dans le bois, et ils se sauvent au plus vite sans rien ramasser.

Le bonhomme et la bonne femme ramassent tout ; la somme était assez considérable. Ils s’en servent pour faire réparer leur maison, achètent une nouvelle vache, et, plus tard, quand la bonne femme voulut faire des rôties au descu de son mari, elle eut grand soin de fermer le haut de sa porte.


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Moquette !



C’est le nom que m’a donné ma petite maîtresse Charlotte parce que, paraît-il, je me suis affalée sur le tapis dés notre première rencontre.
Je m’en fiche, je ne suis pas vexée !
Chaque jour Charlotte me câline, me caresse me nourrit de croquettes, m’a appris la litière. J e joue parfois, elle me fait courir après un bouchon attaché au bout d’une ficelle, ça l’amuse !
Je grandis, je grossis, je suis heureuse ! Sauf que l’escalier m’est interdit…
« -Pas les chambres !!! » a dit la maman de Charlotte.
Je m’en fiche, je ne suis pas vexée !
La cuisine, le couloir, la salle de séjour et le sofa surtout sont mon domaine et ça me suffit !
Et puis il y a eu ce jour malheureux où Charlotte a laissé la porte ouverte ! Je me suis aventurée tout doucement jusqu’à ce buisson ! Horrible ! Ce fut horrible !
Il y avait là une vieille chatte grise qui m’a insultée !
« -Alors Chochotte, ça va ? »
J’étais paralysée …
« -Chatte de salon va ! Tu n’as plus rien de notre Race ! Oublié l’instinct de chasse hein ! Et pourtant sur le lit de ta maîtresse il y a une énorme souris ! Je l’ai vue ! Tu es une honte pour Nous ! »
Heureusement Charlotte m’a prise dans ses bras, m’a essuyé les pattes et m’a bercé contre elle, en me grondant un peu :
« Ne va plus jamais dehors Moquette, tu pourrais te salir ! »
Mais là, j’étais vexée ! Une souris ! Sur le lit de Charlotte ! Qu’est-ce que c’est que ça ?
Sûr ! Je dois faire quelque chose !!!
Alors mes instincts me sont revenus : j’ai aiguisé mes griffes sur les pieds de chaises ; j’ai épié longtemps, longtemps …
J’ai bravé tous les interdits et me suis cachée, tapie au fond du placard du couloir .
Quand Charlotte est sortie de sa chambre je l’ai vue : elle est là, énorme, blanche avec des yeux roses, elle me nargue ! Alors j’ai fait un saut acrobatique en poussant mon cri de guerre :
« MI-A-OU !!!! »
Je lui ai arraché les yeux, détruit sa queue, sauté à la gorge et je l’ai secouée, secouée, secouée !
Elle ne se défendait même pas…
Et soudain j’ai entendu ce cri affreux de Charlotte :
« -MA PELUCHE ! LACHE MA PELUCHE !!!!!!!!!!!!!! »

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conte  de Kabylie


Parmi les majestueuses montagnes de Kabylie vivait autrefois un charbonnier pauvre et démuni. Il était père de sept filles et peinait beaucoup pour nourrir sa nombreuse famille.

Tous les matins, il se rendait dans la forêt et travaillait avec acharnement. Le soir, à son retour, l'homme était tout noir de charbon. Ses filles avaient honte de sa condition et s'en désintéressaient complètement. Elles passaient le plus clair de leur temps à s'occuper de leurs toilettes. Elles aimaient se farder et jouer aux bourgeoises.

Thassadith, la cadette des filles, était très différente. Elle s'occupait des tâches ménagères et prenait soin de son malheureux père. Volontaire et généreuse, elle se montrait toujours indulgente vis-à-vis de la paresse et de l'indifférence de ses sœurs, essayant constamment de réparer leurs erreurs et de combler leurs désirs. Cette fille était également d'une remarquable beauté et d'une formidable sagesse. En outre, elle excellait dans l'art de parler. Son éloquence et la finesse de son esprit étaient reconnues de tous. Dans tout le village, on la citait en exemple. Au fur et à mesure que la jeune fille mûrissait, elle montrait un comportement digne des plus grands sages et philosophes.

Si bien que sa merveilleuse réputation atteignit le palais du roi Plaisantin. Ce monarque se passionnait uniquement pour les énigmes, les satires et les bouffonneries. Sa cour regorgeait de farceurs et de conteurs. Il organisait régulièrement des tournois à ce propos. Quand ce roi, fantasque et excessif, entendit parler des talents surprenants de la jeune Thassadith, il eut envie de la connaître et de la mettre à l'épreuve.

Il convoqua alors le pauvre charbonnier. Celui-ci trembla de peur, connaissant la tyrannie de l'homme. Il se rendit au palais, priant le ciel de lui venir en aide. Le roi s'adressa au charbonnier :

« J'ai entendu dire que ta petite dernière a le don de résoudre n'importe quelle énigme. Serait-elle aussi forte qu'on le prétend ?
- Ô noble seigneur ! Il me semble que ce que l'on dit au sujet de ma fille est quelque peu exagéré. Je suis votre modeste serviteur et ferai tout ce que vous demanderez, répondit le charbonnier, effrayé par le regard pénétrant du souverain. - Eh bien, je veux que tu rapportes à ta fille l'énigme suivante : je possède un arbre qui a douze branches. Chaque branche se décompose en trente rameaux, précisa le roi. Si ta fille arrive à deviner de quoi il s'agit, elle sera récompensée. Si par malheur elle échouait, je vous trancherai la tête à tous les deux ! Tu as une semaine pour me fournir une réponse ! ».

Le charbonnier quitta le palais complètement abattu ne sachant comment aborder sa fille. Il la croyait en effet incapable de trouver la réponse à l'énigme du roi. Quand Thassadith remarqua la grise mine qu'affichait son père, elle soupçonna des ennuis. Elle l'interrogea : « Confie-toi, père ! Dis-moi ce qui te tourmente ! Je te vois triste et pensif. » Le charbonnier confia à sa fille les raisons de son souci. La jeune fille sourit et dissipa ses craintes : « Ce n'est pas difficile, père. Je crois que le roi veut parler de l'année. Les douze branches étant les douze mois de l'année et les trente rameaux les trente jours du mois. » Le charbonnier estima la réponse trop évidente et dit à sa fille, d'une voix sceptique : « Si le roi s'est donné tant de mal, c'est sans doute que la réponse à l'énigme doit être bien plus ardue.
- Crois-moi, père ! C'est la réponse qu'il faut donner au roi. »

Le jour fatidique arriva et le charbonnier se rendit auprès du roi, le cœur serré et en proie au doute. N'ayant point d'autre réponse que celle trouvée par sa fille cadette, il la lui livra. Le roi s'exclama : « Bon ! Bon ! Voici que ta tête et celle de ta fille sont épargnées ! Pour te témoigner ma satisfaction, je te demande la main de cette fille à l'esprit si fin. »

Perplexe, le charbonnier n'en crut pas ses oreilles. Il hésita un peu et finit par lui avouer ses craintes : « Sire, ma fille est bien trop jeune et trop humble pour toi. Comment un roi aussi puissant que tu es daignera-t-il regarder la fille d'un misérable charbonnier comme moi ? » Déterminé et impatient, le roi décréta : « C'est décidé, je la veux ! Dans douze mois, j'enverrai à ma fiancée les offrandes du mariage. Tâche de préparer ta fille à cet événement. »

Le charbonnier, encore sous l'effet de la surprise, rassembla difficilement ses forces pour rentrer chez lui. Il ignorait de quelle manière prendre la chose. Fallait-il se réjouir de la nouvelle ou bien s'en inquiéter ? La fantaisie du roi, ses désirs extravagants et son humeur lunatique étaient bien connus de tous. Thassadith, assez étonnée par la nouvelle, considéra malgré tout sérieusement la proposition du roi et, peu à peu, se prépara à devenir l'épouse de cet homme si singulier. Les douze mois fixés s'écoulèrent. Le charbonnier attendit avec impatience et anxiété à la fois les messagers du roi. Il fit de son mieux pour les recevoir dignement.

La modeste demeure vit arriver dix-sept serviteurs, chargés de somptueux présents destinés à la fiancée. Celle-ci fut ravie par la magnificence des cadeaux envoyés par le roi. Elle fit montre d'une grande hospitalité et su se rendre agréable à ses invités. Ces derniers ne cessaient de l'observer ainsi que leur roi le leur avait ordonné.

Or, durant leur périple, les serviteurs, jaloux de la fiancée et estimant qu'elle ne méritait pas toutes les largesses du roi, s'étaient emparés d'une partie des présents. Intuitive, la fine Thassadith le devina. Néanmoins, elle les reçut honorablement et feignit de ne rien remarquer de leurs fâcheux agissements. Elle les pria de goûter à son thé.

Autour de la table, l'un des émissaires du monarque demanda à la jeune fille : « Où est donc passé ton père ?
- Il est allé mettre de l'eau dans l'eau ! répondit-elle.
- Et ta mère, où est-elle ? demanda-t-il encore.
- Elle est partie voir ce qu'elle n'a jamais vu ! répondit Thassadith. » Aucun des hommes du roi ne comprit quoi que ce fût aux propos de la jeune fille. Ils leur semblèrent même sarcastiques et méprisants. Cependant, ils ne dirent rien.

Bientôt, la famille fut au complet. Thassadith décida de servir le dîner qu'elle avait soigneusement préparé. Elle présenta un succulent couscous au poulet. Elle coupa avec une remarquable délicatesse les morceaux de viande et les distribua soigneusement : elle offrit à son père la tête du poulet et quelques morceaux de la poitrine. (© publié par Tamurth.net)A sa mère elle donna le dos et partagea le reste de poitrine entre ses deux frères. Ses sœurs reçurent les ailes, quant aux serviteurs, elle leur offrit les pattes. Elle partagea le reste des poulets de la même manière. Les invités échangèrent des regards étonnés mais se gardèrent bien de tout commentaire. Tous passèrent une bonne soirée.

Quand ils furent sur le point de quitter la maison de la fiancée, cette dernière s'adressa à eux : « Remerciez de ma part votre généreux maître et présentez-lui mes respects. Je vous charge aussi de lui dire exactement ceci : il manque du duvet à la perdrix, de l'eau à la mer et des étoiles au ciel. »

Le roi attendit ses messagers avec impatience. Quand ceux-ci furent auprès de lui, il leur demanda de lui narrer tous les détails, de lui raconter et de lui décrire les faits et gestes de sa fiancée, ainsi que tout ce qu'elle avait pu dire. L'un des serviteurs s'avança et relata : « Sire, ta fiancée nous a bien reçus, mais nous n'avons rien compris à ce qu'elle nous a dit. Elle ne parle que par énigmes !
- Justement ! fit le roi, rapportez-moi exactement ses paroles. » Les serviteurs firent le récit complet et détaillé de la visite. Aussitôt, le roi sermonna ses sujets : « Espèces d'idiots ! Ce n'est pourtant pas sorcier ! Quand elle vous dit que sa mère est partie voir ce qu'elle n'a jamais vu, cela signifie qu'elle est partie assister à un accouchement. Quant au père, il est allé dévier l'eau du courant pour activer la roue de son moulin et vous savez qu'une fois sortie du moulin, l'eau retourne vers le courant, expliqua le monarque non sans ridiculiser ses messagers.
- Et comment expliquer le partage des poulets, sire, osa demander l'un d'eux ?
- Son partage me paraît logique et équitable : au père revient la tête du poulet car il est le chef de famille ; à la mère revient le dos car elle est la charpente du foyer ; aux mâles de la famille, elle a réservé la poitrine, car ils constituent le rempart qui la protège des attaques extérieures ; aux sœurs, elle a remis les ailes car ce sont des filles et la coutume veut qu'un jour la fille quitte ses parents pour vivre chez son époux. Quant à vous, imbéciles, elle vous a offert les pattes, car c'est sur vos deux jambes que vous êtes allés la voir.
- Ce n'est pas tout ! fit l'un des domestiques. Avant de nous laisser partir, elle a ajouté ceci : « A la perdrix il manque du duvet, à la mer il manque de l'eau et au ciel il manque des étoiles. »

Le roi s'empourpra et s'écria : « Soyez maudits ! Qu'avez-vous fait de mes offrandes, misérables ? »

Les valets s'empressèrent de répondre : « Nous les avons remis à votre fiancée, comme convenu.
- Vous avez osé me voler, petites vermines ! Si ma fiancée dit qu'il manque du duvet à la perdrix, cela veut dire que vous avez dérobé des étoffes d'or. Elle dit aussi qu'il manque de l'eau à la mer, c'est que vous avez également pris du parfum. Pire encore, vous vous êtes permis de toucher aux émaux des bijoux, sinon il ne manquerait pas d'étoiles au ciel. Vous voilà démasqués ! »

Les serviteurs se jetèrent immédiatement aux pieds du roi, implorant son pardon. Celui-ci voulut leur infliger un châtiment exemplaire, mais se retint à la dernière minute pour éviter de choquer sa promise. Il se contenta de les prévenir : « Disparaissez de ma vue et que je ne vous reprenne plus en train de voler, sinon je vous couperai les mains ! »

Quelques jours s'écoulèrent et vint le moment de célébrer le mariage du roi. Le royaume entier était en liesse. On favorisa les réjouissances et on offrit à boire et à manger à tous. Les poètes, les conteurs, les magiciens, les danseurs et les musiciens égayèrent les sept prestigieuses nuits de noces que réserva le roi à sa dulcinée.

Quand Thassadith arriva dans sa demeure royale, parée de ses ornements chatoyants, parfumée de rose et de jasmin, la démarche aussi gracieuse que celle d'une perdrix, le roi en fut tout ébloui et eut du mal à croire qu'il s'agissait de la fille du pauvre charbonnier. Il proposa d'ailleurs à ce dernier d'améliorer sa condition, tant il était fier de la fille qu'il lui donnait en mariage.

Confortablement installée, Thassadith resplendissait de mille éclats. Le charme de sa compagnie attirait tout le monde et son éloquence enchantait tous les esprits. On ne jurait plus que par son nom. Le roi, bien qu'amoureux de sa jeune épouse, resta fidèle à sa passion. Il était toujours aussi féru de plaisanteries et de bonnes histoires. Il avait gardé l'habitude de faire une partie d'échecs avant de s'endormir. Mais personne ne réussissait à le battre. Il finit par se lasser de gagner. Un jour, il invita son épouse à jouer contre lui. Celle-ci eut le pressentiment qu'elle le vaincrait. De peur de le froisser, elle le pria de renoncer à son idée. Le roi devina la raison de son refus. Vexé et blessé dans son orgueil, il devint véhément et la menaça : « Si un jour par malheur ton esprit venait à battre le mien, je te répudierais. L'homme doit demeurer le plus fort. Souviens-toi bien de cela ! » Thassadith, qui aimait tellement son mari, n'osa pas lui livrer le fond de sa pensée. Elle feignit de vouloir jouer avec lui et le laissa gagner afin d'éviter sa colère. L'incident fut clos et la jeune reine apprit à ruser pour éviter au roi tout objet de mécontentement.

Un soir, la reine installée sur sa terrasse profitait de la petite brise parfumée aux senteurs des innombrables et magnifiques fleurs de ses vergers, quand elle surprit l'écho d'une conversation entre deux inconnus. L'un faisait à l'autre le récit de sa mésaventure :

« Depuis mon arrivée dans ce pays, mes ennuis n'ont pas cessé. J'ai eu confiance en un homme, il m'a volé mon poulain. J'ai demandé justice au roi, il s'est empressé de me traiter de voleur. L'homme a réussi à convaincre le roi que mon poulain était l'enfant de sa mule. J'ai même dû lui verser une amende !
- Mon pauvre ami, quelle injustice ! s'apitoya l'autre homme. »

Du haut de sa terrasse, la reine entendit l'histoire et fut prise de compassion pour l'étranger. Elle fut indignée de ce qui lui était arrivé. Tant et si bien qu'elle s'adressa à lui, malgré l'interdiction formelle du roi de se montrer ou de parler à ses sujets. Elle le réconforta : « Tout n'est pas perdu brave homme ! » Surpris, les deux hommes levèrent les yeux mais ne virent personne. La reine ajouta : « Il n'est pas nécessaire de me voir. L'important est que justice soit faite. Alors faites ce que je dirai. » L'étranger ne sut toujours pas quelle était la voix qui lui parlait, mais il la trouva si réconfortante qu'il lui demanda : « Comment espérer justice alors que mon procès a déjà pris fin et que le verdict a été rendu ?
- Le roi s'est trompé, expliqua la reine, et tu n'as pas assez défendu ta cause. Je sais ce qu'il faut faire pour y remédier. »

Le lendemain, l'étranger demanda de nouveau audience au roi. Excédé, le souverain le menaça de lui trancher la tête s'il n'avait pas de bonnes raisons pour le déranger. Comme la reine le lui avait recommandé, l'homme expliqua : « Ce n'est pas pour l'affaire d'hier que je suis là, sire. Voilà ce dont il s'agit. J'ai planté un carré de fèves près de la rivière. Au moment où je m'apprêtais à en faire la récolte, des poissons ont surgi de l'eau et ont tout mangé. » Furieux et caustique, le roi grogna : « Misérable créature ! On ne t'a donc jamais dit que le jour où les poissons sortiront de l'eau pour se nourrir ce sera la fin du monde ?
- Naturellement, sire, je le sais bien, répondit doucement le plaignant. Mais l'on raconte aussi que le jour où la mule mettra bas un poulain, ce sera la fin du monde ! » Le roi se tut un instant, appréciant la sagesse de l'étranger. Cette fois il le crut et lui demanda : « Pourquoi ne m'as-tu pas parlé de cela hier, lors de ton procès ?
- C'est que, répondit l'homme, je ne m'en suis rendu compte que cette nuit. »

Le roi rendit justice et l'étranger repartit satisfait. Malheureusement, le souverain reconnut là la finesse d'un esprit qu'il admirait beaucoup, celui de son épouse. Il en déduisit que c'était elle qui avait conseillé le plaignant. En outre, il connaissait son penchant incontrôlable pour la justice. Désapprouvant le fait qu'elle lui eut désobéi, il entra dans une colère noire et se rendit dans ses appartements. Le regard froid et menaçant, il lui lança :

« Comment as-tu osé outrepasser mes ordres et violer mes interdictions ? Rappelle-toi, je t'avais prévenue que si un jour ton esprit venait à faire de l'ombre au mien, je te chasserais de ma vie. Alors, prends ce que tu as de plus cher et va-t-en d'ici au plus vite !
- Bien ! fit la reine, après tout je l'ai mérité car je n'ai pas respecté ta parole. J'accepte donc ton châtiment. Mais sire, je te sais généreux et clément. Me permettras-tu une dernière faveur ?
- Si c'est la dernière, oui ! » De sa voix douce et charmeuse Thassadith lui murmura : « Honore-moi, seigneur, de ta présence au dîner de ce soir, puisque c'est le dernier que je prendrai dans ce palais. Veux-tu m'offrir cet agréable souvenir en cadeau d'adieu ?
- Bon ! céda le roi. Je viendrai, mais je ne m'attarderai pas ! »

Le soir venu, la reine prépara un dîner savoureux. Elle décora ses appartements de mille et une fleurs suaves et fit brûler de l'encens de musc et de girofle. Elle se para de son plus beau costume de soirée et arrosa subtilement son corps d'un parfum exquis et enivrant. Quand le roi entra dans la pièce, il aperçut une telle aura se dégageant de sa femme qu'il en fut surpris. Elle l'installa confortablement et lui servit des breuvages divins. Le souverain prit tant de plaisir à être en sa compagnie qu'il ne tarda pas à tomber dans l'ivresse la plus totale. La reine Thassadith attendit de voir son époux endormi sous l'effet de l'alcool pour le mettre dans une malle. Elle prit ses affaires et quitta le palais, traînant son lourd fardeau. Elle marcha toute la nuit.

Au petit matin, la reine enfin rassurée s'arrêta pour se reposer. Exténuée, elle sombra dans un profond sommeil. Brusquement, le roi qui commençait à étouffer dans sa cachette, s'agita, donna des coups, ce qui fit sursauter la jeune femme. Elle souleva aussitôt le couvercle. Soulagé, le roi respira profondément, regarda autour de lui et l'interrogea d'une voix nerveuse et impatiente : « Où suis-je ? Et que fais-je ici avec toi ? Tendrement, la reine lui répondit : « Tu es avec ton épouse, sire ! Souviens-toi ! Hier, tu m'as chassée. Mais tu m'as autorisée à prendre ce que j'avais de plus cher. Et comme je n'ai rien de plus cher au monde que toi, j'ai quitté le palais en t'emmenant avec moi ! » Le roi ne sut quoi répondre. Il fut agréablement surpris par le tour que lui avait joué sa femme. Il comprit à quel point elle l'aimait. Il la serra alors dans ses bras et déposa sur son front un doux baiser. Puis, il s'approcha de son oreille et lui murmura : « Je sais à présent que ma vie n'aurait plus aucun sens sans toi ! » Dès lors, le souverain s'assagit et tempéra ses humeurs. Il n'hésita plus à demander conseil à son épouse. Il devint moins tyrannique et fit preuve d'une grande humilité.

Thassadith fit le bonheur de son bien-aimé mais aussi celui des siens et de tout son royaume.

Et dans ce pays-là, quand une fille naissait, on avait alors coutume de dire : « Que le Ciel t'offre la sagesse de Thassadith ! »
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